Une mission, une rencontre fortuite.

Je fis une halte au lac de cendre. J'avais passé la matinée à me rouler dans certaines plantes odorantes pour masquer l'odeur de ma meute. Je parvenais à rester discrète mais je n'avais récupéré encore aucune opération. La matinée était longue et j'avais besoin d'une pause. J'aurais du scrupule à chasser sur un territoire qui n'était pas le mien et je risquais bien trop pour le faire alors j'attendrais de rentrer sur mon territoire pour le faire. Du moins quand mon tour viendrait de manger.
Ma mission était simple pour une fois, il fallait que j'épie les conversations pour savoir si une quelconque attaque était prévue contre la meute de la Plume de Sang. Nous étions relativement craints, mais s'ils s'alliaient à la meute de la Feuille d'Albâtre, la meute de la Fleur de Nuit risquait de nous renverser ce que nous ne souhaitions pas.
Je connaissais relativement le territoire car ce n'était pas ma première mission. Je passais tellement de temps en mission que je doutais avoir encore une quelconque odeur appartenant à ma meute. Je passais plutôt pour une louve errante portant les odeurs des divers territoires que j'arpentais.
Je n'avais pas encore eu l'occasion de m'approcher du camp, il serait trop dangereux que j'y pénètre mais en restant caché près des tanières du côté extérieur, je pourrais peut-être surprendre quelques conversations. Beaucoup auraient été angoissés à ma place mais moi je n'en avais que faire. Vide de l'intérieur, je me contentais d'effectuer ma mission sans peur. Il n'était pas question qu'une quelconque odeur trahisse mes sentiments, sentiments que je ne possédais pas, et romps mon calme impartial.
Je me penchais au-dessus du lac, mon reflet m'apparaissait avec mon œil améthyste, cette fois-ci, mon imagination ne me jouait aucun tour. J'étais moi et non Aruka car Aruka n'aurait jamais été discrète, elle se serait contenté de faire un carnage et d'interroger les victimes avant de les achever, en prenant ainsi les pires risques du monde et en déclenchant sûrement une guerre.
L'eau du lac me parut un peu fade et amère, mais j'avais besoin de m'hydrater. La dernière patrouille était passée il y a peu. Je ne m'étais pas faite repérer, mais je restais néanmoins discrète et sur mes gardes. Une vague d'émotion me parvint. Je ne pouvais m'enfuir, la louve se trouvait dans mon dos, encore dissimulée. Je choisis de cacher mes dons et de faire comme si je n'avais pas remarqué sa présence. Je relevais la tête, cessant de prendre des lampées de cette eau infecte, et fit mine d'être égarée. J'étais sûre que mon odeur ne me trahirait pas, maintenant il fallait que je joue correctement la comédie.