En cette fin d'après-midi, le camp était relativement calme. Le chef de chasse préparait déjà les chasseurs pour la chasse du soir, pendant que les autres loups s'étaient trouvés un endroit où quelques rayons, qui réussissaient à passer au delà de l'épais feuillage des arbres, réchauffaient leur maigre fourrure d'été. La sécurité régnait dans le cœur des loups de la meute, sinon ils ne se seraient pas allongé pour une demi-sieste, car embêtés par les mouches, les pauvres ne pouvaient dormir que d'un œil. Une louve pourtant se détachait du lot, assise sur un rocher surplombant ses compagnons de meute, l'air relativement impassible. Ses yeux glacés balayaient nerveusement le camp à la recherche du moindre faux-pas, car oui, cette louve n'aimait pas que la hiérarchie soit remis en cause à cause d'un petit loup de pacotille qui s'amusait à mordre un ancien. Une sorte d'aura entourait la louve. Pas une bonne aura, une aura de peur et de crainte, dont elle s'amusait à en tirer profit. Instaurer la peur, voilà le passe-temps préféré de la louve.

La louve se leva quand elle aperçu son chef. Quels ordres pouvait-il lui donner ? La louve essayai de cacher sa nature lupine en ne faisant que les crimes, mais au fond d'elle, est-ce ce qu'elle veut ?

Oui.

Elle ne regrette pas, elle ne regrette rien. Les louveteaux d'une portée en trop morts sous ses dents,  la mère torturée pour avoir désobéit, des vieux qui n'étaient plus utile dans la meute, et j'en passe. Ça lui convenait comme ça, ils ne méritaient pas de vivre. Mais qui le mérite ? C'est une question à laquelle Fena ne pu répondre.

Lucifer s'adressa à elle, faisant fuir ses pensées.

- Oh, merci, répondit-elle en baissant légèrement la tête, en signe de respect pour son chef.

Fena n'a jamais pensé torturer ou prendre la place de Lucifer, mais elle ne savait comment prendre les mots du loup noir. Son chef bien-aimé est avec Arctic, une louve aussi froide et blanche que son cœur. Fena s'en fichait tant qu'on lui donnait des missions, qui rempliraient bien une vie ou deux. Non, obéir est son destin, vivre en est une autre.

- Avez-vous besoin de quelque chose ? Que je fasse quelque chose ? Avez-vous des nouvelles au sujet des autres meutes dont il faudrait m'en faire pars ?

La louve noire dit tout cela d'un ton égal, tout en fixant légèrement son supérieur. Elle connait les règles, seuls les dominants fixent.

La sombre louve hocha encore sa tête, puis suivit Lucifer. Elle n'était pas patiente avec les autres, son chef était une exception. Attendre... Voilà quelque chose que la louve déteste. Pourquoi attendre alors qu'on peut très bien faire de suite ?

La louve garda pourtant un visage neutre, trottinant à droite un peu derrière Lucifer. Si ils allaient plus loin c'est que la nouvelle était importante, et c'est ce que Fena aime dans son rôle, le savoir. Elle savait bien que les alpha lui disaient ce qu'ils savaient, bien qu'ils émettaient parfois quelques petits détails. Qu'importe, ils avaient surement leur raison.

Lucifer s'arrêta. La louve noire en fit de même, puis elle s'assit, prêt à saisir tout les mots de Lucifer comme si sa vie en dépendait. Ses yeux rouge la transperça tout en lui disant ce qu'il avait à dire.

Les yeux de Fena affichèrent maintenant une étrange lueur. C'était comme si une proie délicieuse et fondante passait sous son nez délicat. Elle devait tuer. Maintenant.
Un moineau, venant de s'envoler en entendant les loups, poussa un cri dément, comme si on le trempait dans de l'acide. Perdant le contrôle de son corps, il tomba lourdement au sol, dans un nuage de plumes brunes. Le sang de l'animal raviva les papilles de Fena, mais elle ne bougea pas d'un poil.

- Ceci est une excellente nouvelle, dit-elle tout en appuyant lourdement sur le mot excellente. Avez-vous un plan, une tactique à me faire connaître ?

La louve était maintenant avide de sang. Elle mourrait d'envie depuis longtemps de voir l'alpha des "gentils" mourir, tout en sachant que ce fossé créerait un trouble dans le camp. Ce serai un moment idéal pour attaquer et chopper un peu de territoire et quelques vies...

Ça y est, elle était impatiente. L'envie de lancer un assaut meurtrier était présent dans ses yeux de glace, mais elle ne bougea pas d'un poil, réprimant son envie irrésistible de massacre. La louve était hypnotisée par les paroles du loup noir et déjà la victoire régnait dans son cœur vide.

- Je pense que c'est une des meilleures idées que vous avez eu jusqu'à présent, mais à bien réfléchir quant aux loups qui pourront nous rejoindre. Nous ne pouvons accepter les lâches, les traîtres, ceux qui rechignent à la moindre vue du sang ou de la peur.

La louve balaya le sol de sa queue, recueillant au passage une plume qu'elle prit entre ses pattes tout en la menant devant ses beaux yeux.

- Si nous gagnons, ce que je ne doute pas, je proposerai de faire un tournois, histoire d'éliminer les tâches. Les faire battre jusqu'à la mort entre-eux est une idée, surtout que nous verrons qui sera digne de confiance ou pas.

Après un petit instant de réflexion, elle franchit de la tête en signe d'un profond respect.

- Bien sûr c'est à vous de décider, je ne propose là qu'une idée alléchante histoire de faire durer le spectacle un peu plus longtemps.

Le vent s'était mis à souffler, comme si les dieux voulaient faire envoler l'idée macabre de la tortionnaire. Le jour avait commencé à flancher, laissant place au crépuscule. Déjà au camp, certains s'activaient à travailler. On entendait parfois des cris, déchirant la bise glaciale qui s'était lever pour faire place à la douleur. Un oméga avait dû énerver un guerrier.

- Avant tout, nous devons gagner.