Malencontreuse Rencontre

Je m'avançais prudemment jusqu'à la frontière, cette dernière n'avait pas été renouvelée depuis un moment par aucun des deux camps. Etait-ce judicieux pour moi et ma meute de passer alors que j'avais l'odeur de la meute de la Feuille d'Albâtre sur mon pelage? Une odeur d'un de ces membres sur le territoire de la Fleur de Nuit pourrait engranger un conflit entre les deux meutes.
En soit c'était quelque chose d'avantageux pour ma propre meute. S'ils s'attaquaient, une fois affaiblit il nous serait possible de les éliminer et de posséder plus leurs terres. J'allais donc le faire, en espérant que je ne serais pas prise en filature avant d'atténuer mon odeur. Je ne portais plus l'odeur de ma propre meute depuis un moment, ce qui ne les mettait pas en danger. Je n'y étais pas retournée depuis un moment puisque j'attendais la fin de ma mission pour rentrer faire mon rapport.
Je m'avançais avec prudence, tous les sens en alerte, en territoire ennemi, bien qu'au final je me sentais à l'aise sur les trois territoires depuis le temps. Après tout, je connaissais chaque recoin et cachette depuis le temps. Je pouvais même dire qu'un blaireau avait élu domicile dans un des coins les moins visités du territoire de la Feuille d'Albâtre depuis trois jours. Je pouvais ajouter qu'un renard était de passage, ce dernier était passé en courant m'amochant salement la patte d'un coup de crocs, avant de repartir. Maudite bestiole!
Je traînais l'odeur de la meute sur une bonne partie du territoire. Il était tentant de tuer une proie et d'en laisser les ossements pour faire croire aux Fleurs de Nuit qu'un ennemi chassait sur leur territoire mais je ne souhaitais pas prendre plus de risques que nécessaire. Par précaution, une fois arrêtée - je n'étais pas non plus allée trop loin de la frontière car sinon ça aurait été louche - je me roulais dans des herbes particulières qui supprimeraient vite l'odeur de l'autre meute. Je portais toujours un peu leur odeur mais j'avais encore celle de la Fleur de Nuit depuis un moment, les deux étant très ténues, personne n'y ferait trop attention à moins qu'ils cherchent vraiment quelque chose avec leur flair.
Je me relevais et grimaçais. Ma patte me faisait souffrir bien que j'avais demandé aux guérisseurs de ma meute quelques soins de base en cas de besoin, que j'avais donc appliqué soigneusement. Je ne boitais pas si je m'y forçais mais mes poils étaient collés par des restes de sang. Aller au Ruisseau Guérisseur ne me ferait pas faire de détour alors je m'y dirigeais. Je ne pensais pas que ces vulgaires croyances de guérison et de prédiction du futur étaient réelles et fondées mais de l'eau fraîche soulagerait ma patte et me permettrait de la désinfecter avec quelques autres herbes. Je m'y dirigeais donc, restant parfaitement en alerte. Je n'avais pas été suivi jusqu'ici, j'en étais sûre. Mais il était probable que si quelqu'un arrivait sur cette piste que j'avais laissée, il chercherait jusqu'où était parti le loup. Bien que j'eusse fait un aller-retour en prenant soin de ne pas marcher dans mes pas, il était probable que, sentant une odeur ténue, on se dise que le retour était un leurre.
Je hâtais le pas, me dirigeant au plus vite au Ruisseau des Guérisseurs. L'eau masquerait suffisamment les restes d'odeurs pour que l'on ne me retrouve pas. Lorsque je vis le Ruisseau, j'observais les alentours, les connaissant, et récupérais les herbes dont j'avais besoin. J'allais dans l'eau trempait ma patte dedans et me dépêchait de la soigner avec les herbes avant de devoir tout enlever et tout enterrer. Je me faisais le plus invisible possible, de sorte à ce que si un loup passe par-là, il ne me voit pas au premier coup d'œil.
Lorsque je sortais du ruisseau, le sang qui s'y était écoulé n'était même pas visible. Je surveillais les alentours jusqu'à ce que je me rende compte que je ne serais bientôt plus seule. Je me dissimulais dans une cachette que je connaissais. Il n'y avait qu'un loup mais je baissais néanmoins mon rythme cardiaque et respirais le plus lentement et le moins possible. Mon odeur ne me trahissait plus et je fermais les yeux, me concentrant sur le reste de mes sens.
Si je sortais de là, il me verrait. S'il m'y trouvait, je risquais d'être en mauvaise position. Je décidais de rester cachée. Il me trouverait sûrement et je n'en avais guère quelque chose à faire. Il ne me connaissait pas, je ne le reconnais pas à son odeur. Je détendis mon visage de sorte à avoir un air apeuré. J'accélérais les battements de mon cœur au cas où il y prêterait l'oreille et attendit qu'il me trouve. De toute manière, s'il ne croyait pas que j'étais une louve errante, je savais me défendre et mon don était particulièrement utile dans ce genre de situation.

Malencontreuse Rencontre

J'observais le loup avec un air éperdu. Je savais parfaitement jouer la comédie puisque j'isolais tellement mes sentiments que j'avais moi-même l'impression de ne rien ressentir. Le loup était méfiant, je le sentais, j'étais empathe après tout. Mais il était trop naïf. J'aurais pu le tuer rapidement si je l'avais voulu, ses muscles n'étaient même pas contractés de sorte à une éventuelle attaque. En mon for intérieur, je me moquais comme ma mère l'aurait fait avec tant de cruauté...
J'avais presque envie de m'amuser avec ce loup un moment mais ce n'était pas la meilleure des solutions. Je me préparais à bouger rapidement en bandant mes muscles de manière discrète de sorte à ce qu'il ne le voit pas. Je ne ferais pas les mêmes erreurs que lui. J'étais sûre qu'il ne préparait pas d'attaque, je le ressentais dans les aléas de ses sentiments.
Je lui répondis que je m'étais égarée, que je chassais puis que je m'étais retrouvée sur un territoire qui n'était visiblement pas le mien. Je lui fis comprendre de par ma posture que je ne lui voulais aucun mal et que j'étais inoffensive, ce qui en réalité n'était pas le cas et attendit qu'il se décide sur ce qu'il allait faire.
Peut-être pourrais-je lui soutirer des informations avec un peu de chance? L'air de rien, en faisant l'intéressée de tout... s'il avait la langue bien pendue, j'obtiendrais peut-être des réponses...
«Vous êtes beaucoup en guerre entre les meutes? Je ne voudrais pas finir entre deux feux alors que je veux simplement retourner sur mon territoire.»
Je pris bien garde à avoir un air dépité. Je m'amusais presque à jouer ce cinéma. Mais je repoussais de nouveau mes émotions pour adopter un maximum celles de mon personnage. Il fallait que je reste sérieuse si je voulais m'en sortir sans encombre.